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e - Xénocrate |
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L’essentiel
des textes de Xénocrate ayant été perdu, ce
que l’on sait de lui est le fruit de la Quellenforschung (la « recherche
des sources ») du XIXe siècle, dont B. Schweitzer a
fait la synthèse en 1934. Ces recherches philologiques s’appuient
principalement sur le texte de Pline l’Ancien, qui cite Xénocrate
comme une de ses sources. L’héritage de ce sculpteur
du IIIe siècle av. J.-C. tient surtout à ses écrits
sur la peinture et la sculpture, qui font de lui, selon B. Schweitzer,
le « père de l’histoire de l’art ».
Son ambition, dans la lignée de la pensée aristotélicienne,
est de « rassembler toutes les connaissances possibles » sur
ces arts « en tentant d’en constituer un historique ».
En partant d’une analyse sur la personnalité des artistes,
il dépasse le biographique par un vrai travail de théoricien
normatif. Le critère de jugement des œuvres reste la
mimesis, la plus parfaite imitation de la nature, mais il introduit
quatre autres critères, qui relèvent du domaine technique
: la « symmetria », « qui envisage le rapport des
différentes parties entre elles et avec l’ensemble »,
le « rythmos », « le mouvement imprimé à la
statue », l’ « acribeia », « l’exactitude
dans le rendu des détails », et enfin la création « pros
phantasian », l’expression de la « species »,
de l’apparence visuelle (précisément ce que Platon
refusait). Ainsi les artistes sont-ils classés en fonction
de leur excellence technique, selon ces différents critères.
Le regard que Xénocrate porte sur la peinture est influencé par
sa qualité de sculpteur : « sa sensibilité aux
problèmes optiques est conditionnée avant tout par
la volonté de souligner comment la peinture peut rivaliser
avec la sculpture dans l’expression du volume, du modelé des
corps » (Agnès Rouveret, Histoire et imaginaire de la
peinture ancienne, pp. 436 à 440). Il pose ainsi les bases
théoriques d’un art fondé sur l’impression
visuelle. Les méthodes fondées par Xénocrate
furent reprises par toutes les analyses postérieures. |
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