Masquage vide, 1980
53 x 40 cm. Ruban de masquage,
papier calque.
Courtesy galerie Marwan Hoss.
Photographie, J. Hyde
 
         
  Masquage vide  
       

- Je me permets de te faire remarquer que les titres des oeuvres de Buraglio nomment la plupart du temps la procédure, le geste qui a conduit à l'élaboration de l’œuvre.
- Ils nomment à la fois la production de l’œuvre et le produit: recouvrement, agrafage...
- Masquage, ici.
- Et là, on retrouve la double problématique de la réutilisation-recyclage, et de l'écran-fenêtre.
- Oui, on pense à la fois au travail sur le cadre (Châssis, Fenêtres) et à la procédure des agrafages qui réutilisent des déchets d'ateliers.
- Sans compter ces rubans de masquage qui ont absorbé la peinture excédentaire… D'autres oeuvres rappellent aussi les fameux cadres de sérigraphie que tu évoquais tout à l'heure, eux aussi maculés de peinture, eux aussi destiné à ne pas être exposés...
- Ils ne masquent rien, ils sont exposés.
- C'est là où la notion de cadre devient problématique. Un cadre est supposé circonscrire un espace d'art et le mettre en valeur. Ici, la perspective est renversée: les rubans n'encadrent rien, ou plutôt ils sont eux mêmes l'objet de la contemplation.
- Rien, c'est vite dit. Ils encadrent quand même une feuille de papier calque légèrement gondolée.
- Gondolée, oui. De la même manière que Buraglio se sert de vitres teintées pour ses fenêtres, il travaille le calque de manière à lui refuser la qualité de transparence qu'on lui attribue ordinairement. Dans ce sens, les masquages sont peut-être bien une variation sur la fenêtre-écran.
- Comme le calque utilisé dans les travaux d'après sera lui même un moyen d'ouvrir sur la grande peinture longtemps reniée, tout en la gardant à distance, non ?