Ces transparences laissées telles ou partiellement occultées, ces espaces délimités libres ou obstrués, parce qu’il sont accolés ou apposés au mur, font écran, et par conséquent sont inopérants comme transparence, espace libre… Celui qui regarde se cassera le nez dessus.
Ces écrans qui se doivent "d’offrir à l’œil la résistance d’une surface" (Matisse), s’identifient à leur constituants matériels. Au premier regard : au châssis, support de tout support, laissé apparent ou voilé, dont ils se dédoublent en tant qu’espace pratiqué. Ils se présentent avec une évidence muette. Sans commentaire. Ils sont là, comme celui qui concentre son attention sur eux, et leur peintre par la concomitance du produit proposé et de l’action fabricatrice. Celui qui regarde butera sur ces choses dont toute idées et intentions ont été éliminées ; qui s’objectivent avec insistance.
Devant ces écrans qui sont des béances, le taux de visibilité du spectateur, comme descendu de quelques dixièmes – lui fait voir l’entre-deux blanc entre le lisible noir ; le pas dit ; pas exprimé/pas exprimable.
Je rapporte la parole d’un enfant : "…mais que faut-il mettre entre le ciel et la mer", demande Philippe perplexe devant le blanc du papier qui ne le satisfait guère…
Par analogie ces transparences encadrées, ces espaces inoccupés prennent forme de fenêtres, de portes-fenêtres, toutes plus ou moins déglinguées, plus ou moins ragréées ; et renforcent le climat inhérent aux matériaux recourus. D’autre composants que bois et matériaux translucides suggéraient autre chose ; et différemment. C’est ça : par raison d’être. Cette sollicitation de la mémoire fait donc de ces espaces pratiqués un lieu de tension entre des éclairs de la réalité identifiable (fenêtres…) et des morceaux de peinture contemporaine référenciables (Informel, Action-painting, etc.).
Matisse disait à ses élèves : "N’ayez pas peur d’être banals". Banal pour être vrai.

Pierre Buraglio Ces transparences… (1976) [pp.58-59]