- Ah oui, “ un peintre qui ne peint pas ”, maintenant, je crois
que je comprends mieux ce que ça signifie...
- C’est un bon exemple, effectivement. Mais n’allons pas trop
vite. Avec les châssis, c’est la question du support qui est
posée. Mais tu remarqueras qu’elle n’est pas posée
si simplement…
- C’est à la fois un cadre, une surface.
- Oui, et ça invite même à considérer le cadre
en tant que surface, aussi.
- Si on commençait par se demander ce que ça veut dire, "surface"?
- Il me semble que "surface" renvoie à deux choses : au
support traditionnel de la représentation; à ce qui, normalement,
est à l’intérieur du cadre; mais aussi à ce
sur quoi notre regard s’arrête. La surface, c’est ce
que nous pouvons embrasser du regard.
- C’est ça. Et quand le cadre fait surface… il se produit
comme un renversement. On est à nouveau décentré.
- Oui. Prends le cadre de sérigraphie, par exemple: il servira beaucoup à Buraglio
tout au long de son travail: il va cadrer pour rajouter de la surface,
assembler des surfaces… Des cadres souvent tachés de peinture,
d’ailleurs…
- Bon, revenons à nos châssis. Ici, point de peinture. Pour
parler comme à l’époque, c’est juste une déconstruction
radicale du médium-peinture.
- Mais c’est plus compliqué que ça! Enfin, ça
n’est pas aussi simple, disons. Ça va plus loin : d’un
coup, et ce n'est pas innocent, la peinture ne peut plus se réduire à n’être
que de la peinture.
- ...Parce qu'un châssis, c’est quand même un tableau!
- Et voilà ! Tout est dit.