Agrafages,
200 x 190 cm. Chutes de toiles assemblées,
Collection Fonds national d'art contemporain,.
Photographie, J. Hyde
 
         
  Agrafages  
       

- Là, de toute évidence, il y a de la peinture, quand même!
- Pas si simple... Il y a bien de la peinture, mais elle n'est pas appliquée sur la toile: la peinture est la toile!
- Alors, c'est la peinture même qui configure son propre champ d'extension, indépendamment de tout support préalable?
- Oui. Et l’œuvre aurait pu n'avoir jamais de fin, parce que Buraglio a d'emblée constitué la peinture comme support même, en agrafant ensemble des morceaux de tableaux peints avant. Avant sa rupture d'avec la peinture traditionnelle. Et après les avoir condamnées, c'est à dire recouvertes...
- Ou caviardées...
- Oui. C'est toujours la même question du visible et du caché qui se pose, en somme. Mais là, c'est aussi la question de la récupération, du prélèvement, si tu préfères. Et Buraglio ne cessera jamais de la travailler.
- Alors, on pourrait dire que les caviardages sont une oeuvre inaugurale?
- Absolument. Ils ménagent une transition entre la peinture traditionnelle et la peinture telle que veut la pratiquer Buraglio, tout en posant d'un coup les deux gestes fondateurs de cette nouvelle peinture: occulter, prélever.
- Agrafages, c'est donc un premier prélèvement qu'opère Buraglio, dans son œuvre déjà constituée. Après, ce sera dans la rue, dans les musées... Rien ne perd, rien ne se crée!...
- Oui. Et c'est ce que Buraglio appellera l'économie du pain perdu.