Si l’ "économie du pain perdu" sous-tend d’une façon générale l’ensemble de mon travail, elle s’applique ici à la matérialisation même de mes idées, sensations multiformes. Elle permet de tirer parti de ce qui serait perdu, tant les notes, les indications ou thèmes de travail, que les moyens de fabriquer, etc., le mode de transformation des matériaux récupérés. Elle permet de prendre en charge les motivations, les attitudes différentes et contradictoires qui sont à l’origine de ces dessins ou gribouillis. C’est une multiplicité d’ouvertures, d’essais, de balbutiements, d’une part ; de fermetures, d’autre part, de coups pour rien, bref toute la dispersion, dépense, gaspillage que ces Planches, tels des restes, accommodent… (il faudrait envisager les planches du rebut).
Pratique journalière, de fait anti-rhétorique, qui procède de l’étude, de l’exercice comme du jeu, sans autre but aujourd’hui, qu’à l’examen, m’instruire.

Pierre Buraglio Notes de travail. (1982) [p.92]