metro della robbia, 1985
46 x 97 cm 18 élements.
Plaque de signalisation de métro découpées.
Collection particulière.
Photographie, J. Hyde.
 
         
  travail d’après autour selon…  
       

- Il me semble qu’on a là deux choses très différentes : un travail in situ, et des prélèvements.
- Oui, mais j’aimerais qu’on prenne en considèration les deux ensemble.
- Pour poser d’un seul tenant la question du rapport au lieu ?
- Tu as raison de dire: au lieu. Au lieu, et pas à l’espace.
- Je ne croyais pas toucher à des choses si compliquées en utilisant un mot mot si simple !…
- Pas d’affolement, c’est très simple en fait. On dit un lieu, mais on dit l’espace. Autrement dit, l’espace c’est abstrait, on le laisse aux philosophes. Tandis qu’un lieu, c’est concret, c’est pour nous.
- Un lieu c’est habité, c’est parcouru, c’est fréquenté.
- Exactement. Et je voudrais qu’on rapproche les prélèvements du travail in situ parce que dans les deux cas, il s’y joue un rapport particulier au lieu. Les prélèvements sont opérés dans un lieu. Et le travail in situ, c’est par définition, inscrire une œuvre dans un lieu.
- D’accord. Mais les démarches sont contraires : prélever, inscrire…
- Pas vraiment. Il s’agit dans les deux cas d’un travail de la trace.
- Si je te suis bien, tu voudrais dire que ce qui est prélevé d’un lieu ce sont des traces.
- Oui, des traces, et non plus seulement des déchets. Rappelle-toi les paquets de Gauloises : ils ont pu être ramassés n’importe où. Tandis que les éléments qui composent Metro della Robbia, par exemple, tu vois bien qu’ils disent encore leur appartenance (passée) à un lieu, à un lieu précis, concret. C’est en cela qu’ils sont traces.
- Mais le travail dans la chapelle Saint Symphorien alors ?
- Alors c’est le même travail discret de la trace. Une chapelle ça n’est pas un centre d’art contemporain…
- Et cette chapelle, ce n’est pas n’importe quelle chapelle. Ce n’est pas une chapelle baroque.
- Il serait sans doute difficile d’inscrire une trace supplémentaire dans une chapelle baroque, d’ailleurs !
- Supplémentaire ?
- Tu as raison de me reprendre. Pas de supplément. Pas de prétention à en rajouter. Le lieu parle de lui même, et faire œuvre de foi ce n’est pas faire du zèle.
- D’où la discrétion.
- Et le travail, le travail discret de la trace, qui s’inscrit dans le lieu, en fonction du lieu, pour le servir sans le dénaturer.
- Buraglio est croyant.
- Oui, et ce n’est pas à prendre à la légère. Ça éclaire sa démarche aussi comme acte de foi.