La couleur chez les Grecs

Art et science

 

 

 

 

 
   

Définitions : controverses

Synesthésies

Dire la couleur

 

 

 

 

 

 
 
 

 

Matérialité / immatérialité ?

Mimésis / ornement ?

Dessin / couleur ?

Couleurs / rhétorique ?

Tétrachromie /mélanges ?

 

 

 
 
 

 

 

 
 
 
   
                 
 
Matérialité / immatérialité ?  
   
Encore loin des analyses de Newton qui démontrent que la couleur est avant tout un phénomène lié à la décomposition de la lumière, Platon, dans la lignée des atomistes aux yeux desquels la couleur n’est que simulacre ou apparence, s’interroge sur la matérialité de la couleur. Il y voit un ensemble de " particules projetées sur l’organe de la vue ", une sorte de " flamme qui s’écoule de chacun des corps et qui comporte des parties proportionnées à la vue, de manière à produire l’impression " (Timée 67d). La couleur est présentée comme une apparence, elle-même issue d’un obscur mélange préalable qu’on se saurait quantifier. Son origine, son essence restent donc floues, énigmatiques (Timée 68d). Aristote lui accorde déjà plus de réalité puisque pour lui il s’agit d’un " mélange de lumière et d’obscurité, une atténuation de la lumière blanche initiale " (Delavergne p. 42). Toutefois, la couleur reste à ses yeux un " accident " – et non une véritable substance – (Roque, p. 5), variant en fonction des modifications de la lumière blanche d’une part et du noir d’autre part, c'est-à-dire des deux couleurs de base du schéma aristotélicien.
De même, en peinture, le statut de la couleur suscite des questions dans la mesure où seule elle ne ressemble à rien, elle n’est qu’une simple tache (Lichtenstein, p. 60) alors que le dessin ou la ligne sont déjà des signes, des formes. Une chose est sûre, c’est que la couleur relève du sensoriel, du sensible, d’où le plaisir qu’elle suscite pour celui qui la contemple. L’interrogation sur la matérialité de la couleur se fait alors moralisatrice puisque ses effets flattent les sens, détournant le sujet de sa quête du Vrai. Ainsi, dans la critique platonicienne, la couleur apparaît suspecte à deux égards, par sa nature problématique, indéfinie et par les plaisirs évanescents et illusoires qu’elle engendre.