|
PLATON |
|
Platon,
Timée, 67d-68c |
|
|
|
|
|
|
|
Il nous reste encore un quatrième
organe, qu’il faut étudier avec soin, parce qu’il
comprend de nombreuses variétés, que nous avons appelées
du nom général de couleurs, flamme qui s’échappe
de tous les corps, et dont les parties s’unissent avec le feu
et la vue, pour former la sensation. […] Parmi les parties qui
sortent des autres corps, et viennent frapper notre vue, les unes sont
plus petites et les autre plus grande que les parties de notre organe,
d’autres enfin leur sont égales. Celles qui sont égales
ne produisent pas de sensations ; ce sont celles que nous appelons
transparentes. Mais celles qui sont ou plus grandes ou plus petites
contractent ou dilatent l’organe, et par conséquent elles
agissent comme les corps chauds ou froids agissent sur les chairs,
ou comme les corps acide, et tous les corps échauffants que
nous avons appelé aigres, agissent sur la langue. Le blanc et
le noir sont, dans un autre genre, l’effet des mêmes modifications
des corps […] Ce qui dilate la vue est blanc, et ce qui produit
l’effet contraire est noir. Quand le mouvement est plus vif,
et que le feu extérieur qui frappe la vue, la dilate dans toute
son étendue jusqu’à l’œil, écarte
même et divise avec violence les parties de l’œil
qui servent d’issue au feu intérieur, et fait sortir de
nos yeux du feu et cette eau condensée que nous appelons les
larmes ; comme cet agent est lui-même un feu venu du dehors,
[…] et que de ce mélange naissent toutes sortes de couleurs,
nous disons que l’impression éprouvée est celle
de l’éclat, et que l’objet qui l’a produite
est le brillant et le resplendissant. L’espèce de feu
qui tient le milieu entre celles dont nous avons parlé, qui
parvient jusqu’à l’humeur contenue dans l’œil
et se mêle avec elle, mais sans briller, et qui, par son éclat,
mêlé à cette substance humide, présente
la couleur du sang, cette espèce a reçu le nom de rouge.
Le brillant mêlé au rouge et au blanc devient le fauve[…]
le blanc uni au brillant, avec un mélange convenable de noir,
donne le bleu, qui, mêlé avec du blanc, produit une couleur
glauque. Le roux avec le noir fait du vert.
|
|
|
|
|
|
|
|
Traduction Victor Cousin,
Rey et Gravier, 1839. |
|
|
|
|
|
|
|