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LA TRADITION RHETORIQUE |
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Dans le texte « Zeuxis ou Antiochus », Lucien, sophiste originaire de Syrie (120-180
env.) décrit ce qu’il présente comme l’oeuvre
la plus célèbre de Zeuxis, La famille de Centaures, tableau
unanimement loué pour son originalité. Mais nous ne connaissons
ce tableau que par Lucien, et son usage de la description incite à la
prudence : en effet, pour le comprendre, il est nécessaire de
replacer cette ekphrasis dans son contexte ; au début de ce
texte court, Lucien s’exprime à la première personne
pour déplorer la réception de ses écrits, vantés
par le public exclusivement pour leur originalité et leur étrangeté.
Ce que Lucien veut défendre, c’est une pratique littéraire
combinant différentes traditions, une écriture qui allie à l’originalité le
respect des exigences fixées par les Anciens. Car l’originalité n’est
pas un critère de qualité littéraire en soi :
il convient, d’abord, de s’inscrire dans une filiation
littéraire, celle des Anciens, modèle indépassable.
Ainsi l’auteur affirme-t-il que son œuvre ne vaut pas seulement
pour sa nouveauté, mais pour la combinaison d’un ensemble
de qualités littéraires, auprès desquelles l’originalité thématique
et formelle n’est qu’un faire-valoir. Avant de commencer
la description, Lucien affirme donc que ne retenir de son œuvre
que sa nouveauté et son étrangeté, c’est
ne faire aucun cas de l’essentiel, « cet heureux choix
d’expressions, dont les écrivains anciens nous ont laissé le
modèle, cette vivacité de pensées, cette finesse
d’imagination, cette grâce attique, cette harmonie, l’art
enfin qui résulte de toutes ces qualités » (traduction
d’Eugène Talbot, Hachette, 1882). De la même manière,
c’est négliger l’art du détail, la technique
picturale mise en oeuvre par Zeuxis que de ne voir dans son œuvre
que l’étrangeté de l’invention.
Lucien utilise alors l’ekphrasis comme mise-en-scène
du talent, celui du peintre, mais surtout celui du sophiste – le
sien. La manière de Zeuxis est à mettre en parallèle
avec sa pratique d’écriture, et l’ekphrasis est
pour le sophiste une manière de définir et de défendre
la nouveauté de son art, dans toute sa richesse. On comprend
donc que l’ekphrasis vaut moins comme description d’un
tableau réel que comme argument rhétorique défendant
une pratique littéraire. Les qualités littéraires
de Lucien sont comparables aux qualités artistiques de Zeuxis,
c’est pourquoi la réception de leurs œuvres respectives
est similaire.
Lucien commence par présenter l’œuvre du peintre
comme un exemple significatif des qualités inventives de l’artiste,
incitant implicitement le lecteur à y voir l’écho
de ses propres qualités littéraires.
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Lucien (120-180)
Zeuxis ou Antiochus, 3-8 : 3, (la famille de Centaures).
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L’illustre Zeuxis,
qui fut maître en son art, négligeait ou ne traitait que
fort rarement les sujets vulgarisés et trop connus, héros,
dieux ou batailles : acharné sans cesse à la nouveauté,
quand il avait conçu quelque dessein extraordinaire ou surprenant,
c’est là qu’il déployait toutes les ressources
de son art. Entre autres tours de force, Zeuxis exécuta un jour
une centauresse flanquée de ses nourrissons, deux Centaures,
jumeaux tout nouveaux-nés. De ce tableau Athènes possède
aujourd’hui une copie d’une minutieuse exactitude […]…puisque
j’ai vu l’image de cette image, je vais à mon tour,
en paroles, vous la dépeindre de mon mieux. Ce n’est pas,
par Zeus, que je sois un grand clerc en la matière, mais mon
souvenir est tout neuf, puisque je l’ai contemplée récemment
chez un peintre d’Athènes ; peut-être aussi ma très
vive admiration d’alors pour ce chef-d’œuvre contribuera-t-elle
ici à rendre ma description plus pittoresque.
Sur un gazon dru se détache la centauresse elle-même ; tout son
corps de cheval est couché, les pieds de derrière étendus,
la partie humaine légèrement relevée sur l’un des
coudes. Les pieds de devant ne sont point allongés comme ceux d’une
bête sur le flanc : l’un s’arrondit, le sabot replié,
comme pour fléchir le genou ; l’autre, au contraire, se redresse
et s’arc-boute au sol, comme ceux des chevaux qui font effort pour se relever.
Des deux petits, l’un est porté dans ses bras et nourri comme un
enfant à son sein de femme ; l’autre, comme un poulain, tette sa
mamelle de jument. En haut, comme en sentinelle, se tient un Centaure, évidemment
l’époux de celle qui allaite de part et d’autre chaque petit;
il se penche en riant. On ne le voit pas tout entier, mais seulement jusqu’à mi-hauteur
de son corps de cheval, soulevant de sa main droite un lionceau jusqu’au-dessus
de sa tête, comme pour s’amuser à effrayer ses petits.
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traduction d’A. Reinach, La
Peinture ancienne, 1921; Macula 1985 |
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Le choix de ce tableau par Lucien n’est pas indifférent : comme le rappelle Agnès Rouveret dans Histoire et imaginaire de la peinture ancienne, le Centaure est pour les Athéniens une figure représentative du Barbare. Or Lucien lui-même est d’origine étrangère (Syrie). D’autre part, du point de vue de Zeuxis, c’est un défi pour ce peintre des femmes (d’Hélène à Pénélope) que de peindre cet être moitié-femme, moitié-jument, qui permet à Zeuxis de mettre en œuvre son génie artistique. « Au fond, le sujet même du tableau est l’emblème de la nouvelle technique picturale du clair-obscur, l’art des contrastes et des transitions » (A. Rouveret, Histoire et imaginaire de la peinture ancienne). On peut alors risquer un parallèle : tout comme dans le tableau de Zeuxis, l’association d’un sujet aussi traditionnel que celui de la femme, et du motif moins conventionnel du Barbare, est le moyen de faire surgir un art régénéré, virtuose, ainsi Lucien renouvelle l’écriture de l’intérieur en combinant différentes traditions. Le Centaure serait donc l’emblème de son esthétique littéraire.
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Lucien (120-180)
Zeuxis ou Antiochus, 3-8 : 3, la famille de Centaures, suite |
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Que vaut l’ensemble
du chef-d’œuvre, aux divers points de vue qui échappent
en partie à notre intelligence tout en représentant l’essentiel
de l’art, je veux dire la correction du dessin, le jeu impeccable
et l’heureuse combinaison des couleurs, la justesse des ombres,
les proportions vraies, le rapport exact et l’harmonie des parties
avec le tout? Aux fils des peintres de louer tout cela : c’est
leur métier de s’y connaître. Pour moi, ce que j’ai
ici le plus admiré chez Zeuxis, c’est d’avoir, en
un seul et même sujet, déployé les ressources variées
de son génie artistique. Ainsi le mâle est absolument
farouche et vraiment sauvage, la crinière arrogante, le corps
généralement velu non seulement dans sa partie animale
mais encore dans sa partie humaine, les épaules très élargies,
le regard, bien qu’il rie, d’une bête sauvage en
somme, fait pour la montagne et d’une humeur difficile.
Tel apparaît le Centaure ; la femelle est une de ces cavales superbes,
comme en nourrit surtout la Thessalie, ignorant encore le frein et la selle ;
sa moitié supérieure est d’une femme parfaitement belle,
si l’on excepte les seules oreilles, des oreilles de satyre. Cependant
le mélange et la fusion des deux corps, le point où la nature humaine
s’unit et se joint à l’autre est traité avec une telle
délicatesse, une telle finesse, un si grand art dans la transition que
l’œil passe de l’une à l’autre insensiblement.
Chez les petits la physionomie est sauvage sans cesser d’être jeune,
farouche sans cesser d’être tendre, et, ce qui m’a particulièrement émerveillé,
c’est leur regard bien enfantin tourné vers le lionceau sans que
ni l’un ni l’autre abandonne au corps de leur mère la mamelle
qui nourrit chacun d’eux.
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traduction d’A. Reinach, La
Peinture ancienne, 1921; Macula 1985
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A la fin de la
description, Lucien constate l’ignorance du public : celui-ci
n’a pas compris ce qui faisait le génie de ce tableau
; séparation entre l’artiste et le public, entre réalisation
et réception, que seul un regard connaisseur peut combler. |
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Lucien
Zeuxis ou Antiochus, 3-8 : 3, la famille de Centaures, suite |
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Zeuxis, en exposant ce tableau, comptait sur son art pour frapper d’enthousiasme les spectateurs ; de fait, ce furent des cris immédiats : le moyen de rester coi devant un pareil spectacle ! Mais, précisément, ce que le public louait, c’était l’étrangeté de la conception, l’idée du tableau, qui leur paraissait neuve et inouïe jusqu’alors. Le peintre, ayant compris que la singularité seule les occupait, leur faisant oublier l’exécution et traiter en accessoire le prix de chaque détail : « Allons, Mikkion, dit-il à son élève, emballe ce tableau, pour l’enlever d’ici et le rapporter chez nous ; ces gens-là ne louent que la boue du métier ; quant à ce qui est l’essence même du beau et le fonds de l’art, ils ne s’en soucient guère ; le talent de l’exécution disparaît à leurs yeux devant l’imprévu du sujet. »
Ainsi parla Zeuxis, avec trop de dépit sans doute.
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traduction d’A. Reinach,
La Peinture ancienne, 1921; Macula 1985 |
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Ce texte est
l’une des 65 descriptions de tableaux ou ekphraseis qui composent
les Eikônes de l’orateur Philostrate, ou plutôt
devrait-on dire des orateurs, puisque les Eikones sont la réunion
de deux séries de descriptions, dont on suppose que la première
est l’œuvre du grand-père maternel de Philostrate
le Jeune, Philostrate de Lemnos (IIe-IIIe siècles av. J.-C.),
fondateur du genre. On traduit généralement le titre
par Les tableaux ou, en développant, La galerie de tableaux.
Le défi relevé par cette œuvre est de donner par
les mots l’illusion de présence de la peinture absente – voire,
inexistante : on a longtemps cru que ces textes décrivaient
des tableaux perdus, et cette croyance a conduit certains peintres
de la Renaissance à essayer de reconstituer les œuvres.
C’était mal comprendre l’entreprise de l’orateur…
Avec Philostrate, il semble que l’ekphrasis s’impose
comme genre littéraire, puisqu’il compose un recueil
de descriptions de tableaux. Chaque texte est une ekphrasis, celle
d’un tableau réel ou imaginaire qui la plupart du
temps représente une scène mythologique, mais parfois
aussi des éléments naturels, comme « les présents
d’hospitalité », qui décrit un tableau
représentant des figues, soit déjà une nature
morte. Avec ces 65 tableaux défilent non seulement une foule
d’images, mais aussi de nombreux personnages de la mythologie
grecque. En cela les Eikones de Philostrate sont une véritable
somme culturelle. Par le caractère périégétique
de l’œuvre, dont rend compte la traduction « la
galerie de tableaux », l’auditeur-lecteur est invité à parcourir
ce qui ressemble déjà à un musée.
Dans son introduction aux Eikones, Philostrate qualifie son entreprise
de « spoud¾ toà lÒgou », d’ « exercice
d’interprète » (traduction de Bougot), ou d’ « exercice
d’éloquence ». Philostrate poursuit l’ambition,
qui apparaissait chez Lucien, de décoder une peinture qui
signifie, même s’il s’agit moins de déceler
une portée allégorique que de mettre en évidence
la signification d’un regard, d’un geste, comme cela
apparaît dans notre texte ; mais surtout l’expression
montre que derrière la vocation descriptive et exégétique
de l'ekphrasis, ce sont toujours les liens qu’elle entretient
avec la rhétorique qui fondent les enjeux du texte, comme
le montre cet extrait de l’introduction : « c’est
une conversation composée pour des jeunes gens, en vue de
leur apprendre à s’exprimer, et de former leur goût. » (traduction
d’Adolphe Reinach, recueil Milliet, éd. Macula). L’ekphrasis
est un morceau de virtuosité, auparavant inscrit dans un
texte, et qui prend son autonomie avec Philostrate, dans le cas
particulier de la description de tableaux. Il faut donc garder à l’esprit
une ambition essentielle à son interprétation : la
dimension de défi rhétorique. Philostrate met en œuvre
une parole capable de représenter non seulement des œuvres
d’art déjà existantes, mais la vie elle-même,
le mouvement, la nature. L’illusion de présence est
aussi forte, voire meilleure, que celle que créent les tableaux
des meilleurs peintres : dans « les chasseurs », l’auteur
se prend à adresser la parole aux personnages du tableau
imaginaire. Ainsi, « dans cet univers clos, où la
rhétorique est souveraine, c’est à propos d’un
objet entièrement créé par l’artifice
du verbe que le langage se célèbre lui-même,
en sanctionnant la disparition de l’œuvre d’art » (Agnès
Rouveret dans l’Encyclopédie Universalis, article « Critique
d’art –antiquité gréco-romaine »)
Comparaison, oppositions, complémentarité entre
poésie et peinture, autant de réflexions auxquelles
invite l’œuvre de Philostrate, d’autant plus que
les textes décrivent des images qui sont elles-mêmes
l’illustration de textes littéraires. Ce jeu d'échos,
de rivalité, ou de complémentarité entre « poésie
muette » et « peinture parlante » n'a cessé de
séduire la littérature occidentale, et d'inspirer
les peintres, ceux de la Renaissance, notamment, qui ont cherché à peindre
des tableaux à partir de ces oeuvres de mots que sont les
ekphrasis, et, par là, à ressusciter la peinture
antique disparue.
Ici la célèbre description de Narcisse est d’autant
plus intéressante que cet épisode de la mythologie
renvoie, grâce au motif du miroir, au problème de
l’écart entre le réel et l’illusion,
entre le monde du spectateur et la représentation, picturale
ou littéraire. La parole du narrateur charme l’auditeur
ou le lecteur autant que Narcisse est envoûté par
son propre reflet.
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Philostrate
Eikones ,
Livre I, texte 23 (Narcisse)
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Cette source reproduit
les traits de Narcisse, comme la peinture reproduit la source, Narcisse
lui-même, et son image. Le jeune homme, de retour de chasse,
se tient debout près de la source, soupirant pour lui-même, épris
de sa propre beauté, illuminant l’eau, comme tu vois
de sa grâce éclatante. Quant à cet antre, c’est
celui d’Achéloos et des nymphes. La vraisemblance a été observée
: car on y voit des statues, grossièrement sculptées
dans une pierre qui provient du lieu même ; les unes ont été rongées
par le temps, les autres ont été mutilées par
des enfants de bouviers ou de pâtres, qui, en raison de leur âge,
ne sentent pas encore la présence du dieu. Elle n’est
point non plus étrangère au culte dionysiaque, cette
source que Dionysos a fait surgir pour les bacchantes. La vigne,
le lierre, le lierre hélix aux belles vrilles, y forment un
berceau chargé de grappes de raisin, entremêlées
de ces férules qui donnent les thyrses ; au-dessus d’elle,
prennent leurs ébats des oiseaux qui gazouillent mélodieusement,
chacun à sa façon. Des fleurs, nées près
de l’eau, en honneur du jeune homme, ne font qu’entr’ouvrir
leurs blanches corolles ; fidèle à la vérité,
la peinture nous montre la goutte de rosée suspendue aux pétales
: une abeille se pose sur la fleur ; je ne saurais dire si elle est
trompée par la peinture, ou si ce n’est pas nous qui
nous trompons en croyant qu’elle existe réellement.
Mais soit, il y a erreur de notre part. Quant à toi, jeune
homme, ce n’est pas une peinture qui cause ton illusion ; ce
ne sont pas des couleurs, ni une cire trompeuse qui te tiennent enchaîné ;
tu ne vois pas que l’eau te reproduit tel que tu te contemples
; tu ne t’aperçois pas de l’artifice de cette
source, et cependant il te suffirait pour cela de te pencher, de
passer d’une expression à une autre, d’agiter
la main, de changer d’attitude ; mais comme si tu venais de
rencontrer un compagnon, tu restes immobile, attendant ce qui va
suivre. Crois-tu donc que la source va entrer en conversation avec
toi? Mais Narcisse ne nous écoute point : l’eau a captivé ses
yeux et ses oreilles. Disons, du moins, comme le peintre l’a
représenté […] Les deux Narcisse sont semblables,
brillent de la même beauté ; la seule différence
entre eux, c’est que l’un se détache sur un fond
de ciel, et que l’autre est vu comme plongé dans l’eau
; le jeune homme se tient immobile au-dessus de l’eau qui est
immobile, ou plutôt qui le contemple fixement, comme éprise
de sa beauté.
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traduction A.Bougot, Librairie Renouart,
1881 |
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Le caractère satirique de cette ekphrasis, qui stigmatise le mauvais goût des parvenus incarné par Trimalcion, est clairement annoncé par son incipit : les couleurs criardes, le luxe déplacé d’objets triviaux, annonce le grotesque de la prétention à l’ « épique » de l’ancien esclave ; de façon très significative, la critique se trouve ici associée à une évocation de la facture en trompe-l’œil des peintures |
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Pétrone
Le Satyricon,
Chap. 38, 39,
Le portique de Trimalcion.
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« … à l’entrée
se tenait le portier, vêtu de vert avec une ceinture cerise,
qui épluchait des pois dans un plat d’argent. Au-dessus
du seuil pendait une cage d’or où était une pie
au plumage multicolore, qui saluait les arrivants »
« Quant à moi, j’admirais bouche-bée,
quand, sursautant de peur, je faillis me rompre les jambes. A gauche
de l’entrée, non loin de la loge du portier, un énorme
chien tirait sur sa chaîne. Au-dessus de lui était écrit
en lettres capitales : Gare, gare au chien. Vérification
faite, ce n’était qu’une peinture sur la muraille.
Mes compagnons se moquaient de ma frayeur. Mais, ayant recouvré mes
esprits, je n’avais d’yeux que pour les fresques qui
ornaient le mur : un marché d’esclaves, avec leurs
titres au cou, et Trimalcion lui-même, les cheveux flottants,
portant le caducée, entrant à Rome conduit par Minerve.
Ici on lui apprenait le calcul. Là il devenait trésorier
: le peintre avait méticuleusement expliqué toutes
choses par des inscriptions détaillées. Au bout du
portique, Mercure enlevait Trimalcion par le menton, pour le porter
sur un tribunal élevé. A ses côtés se
tenait la Fortune, munie d’une copieuse corne d’abondance,
et les trois Parques, filant sa vie sur des quenouilles d’or.
Je remarquai aussi une troupe d’eclaves s’exerçant à la
course sous la direction d’un maître. […]
J’allai demander au portier quelles peintures tenaient le
milieu du portique : L’Iliade et l’Odyssée,
dit-il, et sur la gauche, vous voyez un combat de gladiateurs ».
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traduction de Louis de Langle,
Paris, Bibliothèque des curieux, 1923 |
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