LA TRADITION ALLEGORIQUE |
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Lucien, (IIe siècle
après J.-C.), qui fut sophiste de métier, a laissé des
ekphrasis qui ont considérablement marqué la postérité ;
la plus célèbre est la description de La calomnie, tableau
d’Apelle, qui a été l’occasion à la
Renaissance d’un concours de peinture : il a donné naissance
en particulier à La
calomnie d’Apelle de Botticelli.
Ici, le choix d’un tableau allégorique par le sophiste
est l’occasion de donner à entendre un discours moralisateur.
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Lucien (env.120- env.180):
La calomnie d’Apelle, opuscule 15
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Bien plus, Apelle d’Ephèse fit de la Calomnie le sujet d’un tableau. Ce peintre en effet se vit faussement accusé auprès de Ptolémée comme complice de la conjuration tramée à Tyr par Théodotas. […]
Apelle, en souvenir de tous les dangers courus, composa le tableau que voici pour se venger de la délation :
Sur la droite est assis un homme à longues oreilles, à peu près comme Midas ; il tend de loin la main à la Délation qui s’avance. Près de lui, deux femmes, probablement l’Ignorance et la Suspicion. Du côté opposé approche la Délation sous la forme d’une femme parfaitement belle, mais le visage enflammé, surexcité, comme sous l’influence de la rage et de la fureur ; de sa main gauche, elle tient une torche embrasée, de l’autre, elle traîne par les cheveux un jeune homme qui lève les bras au ciel et prend les dieux à témoin. Son guide est un homme pâle, hideux, au regard aigu, qui paraît exténué par quelque longue maladie. On peut admettre que c’est l’Envieux personnifié. Deux autres femmes encore accompagnent la Délation, l’encouragent, arrangent ses vêtements et sa parure : au dire du cicérone qui m’a conduit, l’une est l’Embûche, l’autre la Perfidie. Derrière elles marche une femme en tenue de grand deuil, les vêtements noirs et en lambeaux : c’est, s’il m’en souvient, la Repentance : du moins, elle détourne la tête en pleurant, levant les yeux avec une extrême confusion vers la vérité en marche. C’est ainsi qu’Apelle représenta en un tableau ses propres périls.
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traduction d’A. Reinach, La
Peinture ancienne, 1921; Macula 1985
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