Parrhasios et Zeuxis après voir travaillé à Athènes
et à la suite des désastres de la guerre du Péloponnèse,
tournèrent leurs pas vers le royaume très prometteur
qu’était la Macédoine : ils anticipaient là le
rôle de l’artiste de cour à l’époque
hellénistique. Zeuxis réalisa pour le roi Archélaos
le décor de son palais et lui fit don d’un tableau représentant
le dieu Pan, divinité étroitement liée à la
dynastie macédonienne. La venue de Zeuxis en Macédoine, à la
fin du Ve siècle avant J.-C., est fondamentale. Elle marque
un tournant dans la peinture macédonienne en influençant
un grand nombre d’artistes, qui mettront en oeuvre les techniques
du maître au cours des siècles suivants (influence encore
visible, par exemple, dans les mosaïques figurées des maisons
de Pella, datant de la fin du IVe s): les couleurs ne sont plus appliqués
en aplats unis mais par petites touches (dans les mosaïques avec
de petits galets) afin de privilégier la nuance, le modelé,
le clair-obscur. En outre, c’est, à nos connaissances,
en Macédoine que pour la première fois des artistes veulent
dans leurs œuvres évoquer des tableaux célèbres
déjà existants. Ainsi, comme plus tard à Rome
mais d’une manière beaucoup moins systématique,
s’exprime une forme d’éclectisme qui fait appel
aux styles locaux tout en faisant de la référence grecque
un modèle désormais classique.
Cette peinture macédonienne se distingue donc par un soin
méticuleux du détail, de la carnation et des ombres,
rendues par un travail à la pointe du pinceau et des stries
parallèles de teintes brune et rouge. La gamme chromatique
est très nuancée. En général, les scènes
figurées dans l’iconographie funéraire sont simples
: scènes d’adieu, banquets. Le fond est clair par contraste,
souvent bleu ciel, indéterminé. Parfois cependant se
déploie dans le fond un véritable décor architectural,
pour lequel on peut parler, plus que de perspective, de spatialisation
voire de géométrisation : ligne noire du sol, lignes
en fuite du plafond, lignes limites du mur du fond. « L’éventail
des peintures macédoniennes mises au jour a permis de vérifier
que les techniques les plus avancées dans les domaines de
la restitution de l’espace, de l’utilisation de la couleur
et des effets de lumière ont été acquises dès
l’époque d’Alexandre le Grand et se sont développées
jusqu’au siècle d’Auguste. » -- acquises
en Macédoine et ensuite amplement diffusées : « La
diffusion dans le bassin méditerranéen des nouvelles
techniques picturales trouve un terrain fertile auprès des
milieux aristocratiques qui, dans différentes régions,
donnent vie à différentes formes d’expression
inspirées des modèles macédoniens, mais remodelées
en fonction des traditions culturelles de chaque réalité territoriale ». « (Rouveret
et alii., 2003) »
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