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Ce
passage, consacré par Pline au peintre Pausias (peintre de l’Ecole
de Sicyone, IVe siècle av. J.-C.), montre aussi bien la diversité des
supports de peinture dans l’antiquité, que la valeur accordée à la
peinture sur panneaux, aux supports mobiles, ou tableaux. |
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Pline
Histoire Naturelle, Livre XXXV, extrait |
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On assure encore que
Pamphile, à qui nous devons les grands progrès du fameux
Apelle, son élève, non seulement peignait de cette
manière, mais qu’il en donnait même des Leçons,
comme du Dessin et de la Peinture ordinaire. On ajoute que Pausias,
entre autres, eut le bonheur d’en profiter, lui que chacun
savait avoir excellé le premier en ce genre. Il était
de Sicyone, fils d’un Peintre nommé Briete, et son élève,
par rapport au pinceau seulement, et ensuite de Pamphile, pour les
Ouvrages caustiques. De sorte qu’il pratiqua ensuite les deux
manières, mais non pas avec un succès égal.
Car il peignit les murailles du Temple de Delphes, à la manière
ordinaire, c’est-à-dire, avec le pinceau ; mais quand
son ouvrage fut achevé, et qu’on en fit la comparaison
avec celui de Polygnote, tout le monde donna la palme à ce
dernier, en ajoutant, pour consoler l’autre, qu’il n’avait
pas choisi la partie qui était son fort, c’est-à-dire,
le genre de peinture qu’il possédait le mieux. Apparemment
il profita de cet avis, et se borna à la cire et au feu. Car
c’est ainsi qu’il
Commença le premier à décorer les voûtes
et les lambris et qu’il en fit venir la mode dans la Grèce
; sans négliger pourtant de faire des Tableaux portatifs dans
le même genre.
Pour les mieux conserver, il les faisait petits, et pour les rendre
plus gracieux, il choisissait ordinairement pour sujets de jeunes enfants,
ou des Cupidons. Ce qui fit dire à ses Emules, qu’il ne
préférait cette sorte de figure, que parce qu’elle
demandent peu de temps, et que par ce moyen, il avait tout le loisir
de finir ses pièces ; comme si c’était là un
reproche fort redoutable, pour un Peintre, qui connaît la sublimité de
son art. Mais pour fermer la bouche à ses Envieux et se procurer
encore la réputation d’Artisan habile et expéditif,
il se mit en tête de ne mettre qu’un jour à une
figure, et en effet il y réussit au gré de ses désirs
: ce Tableau, qui représentait un Enfant, fut nommé en
sa langue, Emeresios, comme qui dirait, l’Enfant d’une
journée. |
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Édité à Londres,
chez Guillaume Bowyer, 1725 |
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Vitruve (Ier siècle av. J.-C.),
De architectura, livre 7, ch.3 § 7, 8, 10. |
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§7 Sed et liaculorum
subactionibus fundata soliditate marmorisque candore firmo levigata,
coloribus cum politionibus inductis nitidos expriment splendores.
Colores autem, udo tectorio cum diligenter sunt inducti, ideo non
remittunt sed sunt perpetuo permanentes, quod calx, in fornacibus
excocto liquore facta raritatibus et evanida, ieiunitate coacta
corripit in se quae res forte contigerunt, mixtionibusque ex aliis
potestatibus conlatis seminibus seu principîs una solidescendo,
in quibuscumque membris est formata cum fit arida, redigitur, uti
sui generis proprias videatur habere qualitates.
§
8 Itaque tectoria, quae recte sunt facta, neque vetustatibus fiunt
horrida neque, cum extergentur, remittunt colores, nisi si parum diligenter
et in arido fuerint inducti. Cum ergo itaque in parietibus tectoria
facta fuerint, uti supra scriptum est, et firmitatem et splendorem
et ad vetustatem permanentem virtutem potêrunt habere. Cum vero
unum corium harenae et unum minuti marmoris erit inductum, tenuitas
eius minus valendo faciliter rumpitur nec splendorem politionibus propter
inbecillitatem crassitudinis proprium optinebit.
§
10 Graecorum vero tectores non solum his rationibus utendo faciunt
opera firma, sed etiam mortario conlocato, calce et harena ibi confusa,
decuria hominum inducta ligneis vectibus pisant materiam, et ita ad
cisternam subacta tunc utuntur. Itaque veteribus parietibus nonnulli
crustas excidentes pro abacis utuntur, ipsaque tectoria abacorum et
speculorum divisionibus circa se prominentes habent expressiones.
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(§7) Mais, le
fond étant rendu solide par le massivage des battes, et la
ferme blancheur du marbre ayant reçu le poli, (ces parois),
après application de couleurs avec les enduits, émettront
d’éclatantes splendeurs. Quant aux couleurs, lorsque
le revêtement étant humide, elles lui ont été soigneusement
appliquées, elles ne se détachent point, mais sont
fixées pour toujours ; et cela, parce que la chaux, dépouillée
dans les fours de son eau, devenue vide par porosité, affamée,
happe les choses qui par hasard se trouvent à son contact
; et, par mélange, empruntant à d’autres puissances
des germes ou principes, se raffermissant avec eux dans tous les
membres dont elle est formée : dès qu’elle devient
sèche, se reconstitue au point de sembler avoir les qualités
propres de sa nature.
(§8) Aussi les revêtements qui ont été bien
faits ne deviennent pas rugueux ; et, lorsqu’on les nettoie,
ils ne laissent pas leur couleur se détacher : à moins
que celles-ci n’aient été appliquées peu
soigneusement et sur la surface déjà sèche.
Donc, lorsque les revêtements auront été faits
ainsi qu’il a été écrit ci-dessus, ils
pourront avoir et fermeté, et éclat, et vigueur persistant
jusqu’à la vétusté. Au contraire, lorsqu’une
seule couche de sable et une seule de menu marbre aura été étendue
: sa ténuité ayant moins de force se rompt facilement
et, à raison de l’insuffisance d’épaisseur,
elle n’acquerra pas par polissages l’éclat qui
lui convient.
(§10) Quant aux stucateurs grecs [traduction de B.Liou et M.Zuinghedau,
Belles Lettres, 1995 : « Mais, chez les Grecs, les spécialistes
des enduits…], ce n’est pas seulement par application
de ces procédés qu’ils font des ouvrages fermes
; mais, en outre, après avoir installé un bassin de
corroyage et y avoir jeté ensemble la chaux et le sable :
recourant à une escouade d’hommes, ils battent le mortier
avec des pilons de bois ; et, après ce battage en cadence,
c’est alors qu’ils le mettent en œuvre. Aussi quelques-uns,
détachant des croûtes des vielles parois, les emploient
en guise de dalles ; et les revêtements eux-mêmes, aux
contours de leurs panneaux carrés et de leurs (compartiments
en forme de) miroirs, ont des bordures en relief.
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Traduction d’Auguste
Choisy, imprimerie-librairie Lahure 1909 |
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