La couleur chez les Grecs

Art et science

 

 

 

 

 
   

Définitions : controverses

Synesthésies

Dire la couleur

 

 

 

 

 

 
 
 

 

Chez les Anciens

Chez les Modernes

 

 

 

 

 

 
 
 

 

 

 
 
 
   
                 
 
La synesthésie chez les Anciens  
   
Bien que le terme de synesthésie provienne du grec " sunaisthêsis " signifiant " perception simultanée ", l’emploi de ce terme n’est attesté qu’à partir de 1865 dans son sens médical de trouble de la perception lié à un mécanisme psychologique involontaire provoquant simultanément deux sensations pour un même stimulus. Là où les médecins ne voient qu’une défaillance du système perceptif, des poètes modernes tels que Baudelaire ou Rimbaud érigent la synesthésie ou correspondance intersensorielle en principe créateur. Ces métaphores synesthésiques rapprochant les mots et les couleurs trouvent un écho dans les théories romantiques de l’oeuvre d’art totale ou Gesamtkunstwerke prônant une union des arts. Si le terme de synesthésie n’apparaît pas dans les écrits des Anciens, on peut tout de même parler de mode de pensée synesthésique chez de nombreux auteurs et ce même chez un penseur comme Aristote qui pensait que les cinq sens avaient chacun une aire d’action bien distincte (De Anima, II, 6, 418a ; III, 1, 425a-b cité par Gage, p. 262). Chez Aristote, le synesthésique est toujours de l’ordre du métaphorique. Ainsi il fut l’un des premiers à recourir à la métaphore musicale pour évoquer la gamme des couleurs. De même Platon, pourtant méfiant à l’égard de la couleur, mêle les nuances chromatiques (jaune, blanc, rougeâtre) aux chants des sirènes dans le mythe d’Er qu’il décrit au dixième livre de La République (616b-617d). Ces parallèles entre musique et couleurs se retrouvent aussi dans le vocabulaire – grec ou latin – employé par les Anciens pour désigner certaines pratiques picturales, comme le tonos (tension) ou l’harmogé (harmonisation). Mais les rapprochements synesthésiques les plus fréquents concernent avant tout les couleurs et les mots, principalement en rhétorique. Les couleurs vives des discours des sophistes sont ainsi la cible de la critique platonicienne qui dénonce l’emploi d’images flatteuses et sensorielles visant à charmer l’auditoire, à la manière des peintres Alexandrins abusant selon Pline de procédés illusionnistes et de couleurs chatoyantes.