Couleurs et pigments

Pratiques picturales

Peintres

 

 

 

 
   

Les quatre domaines de la couleur

Pigments

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 

Teinture

Cosmétique

Pharmacopée

Esthétique

 

 

 

 
 
 

 

 

 
 
 
   
                 
 
Teinture  
   
Un des plus anciens domaines d’application de la couleur est son usage en teinture. La couleur est en effet avant tout un colorant employé à des fins commerciales dans le textile. Dans l’antiquité, on employait surtout des colorants organiques solubles dans l’eau ou dans d’autres solvants qui, préparés en solution, conféraient leur couleur aux matières (préalablement blanchies et préparées) trempées dans cette même solution. Ainsi comme le souligne Augusti, le terme latin de « color » s’employait comme aujourd’hui selon les deux acceptions suivantes : la teinte d’un corps ou d’une substance et la substance impliquée pour teinter. L’enjeu de la teinture n’était pas simplement de colorer mais de faire « mordre » la couleur, c'est-à-dire de la faire « tenir » (Pastoureau, p. 28). D’où l’emploi dès l’antiquité du colorant tenace qu’était la pourpre tirée du mollusque appelé murex. Pline mentionne d’ailleurs le purpurissum (ou pourpre) comme une substance utilisée aussi bien en peinture sur vase qu’en teinture (HN, 35, 26). Le plus souvent ces colorants étaient d’origine végétale. Le processus de transformation de ces matières organiques en matières tinctoriales étaient souvent très complexes (broyage, macération etc.). Ce savoir-faire artisanal très poussé se voit remis en question à l’ère de la chimie industrielle avec l’apparition au 19ème siècle des premiers colorants de synthèse qui facilitent considérablement le travail des teinturiers. Toutefois certains problèmes persistent concernant la tenue de certaines couleurs (comme le bleu et le noir). Ces recherches sur les colorants employés en teinture sont à l’origine des travaux du chimiste Chevreul nommé Directeur des teintures à la manufacture des Gobelins en 1824. A la suite de la publication de ses Leçons de chimie appliquées à la teinture (1829-30), Chevreul se rend compte que les plaintes des commanditaires concernant certaines teintes n’avaient aucun rapport avec les propriétés chimiques de ces teintes mais qu’il s’agissait plutôt d’un phénomène « psychophysiologique » (Roque, p. 41) lié à la perception des contrastes chromatiques sur le tissu. C’est dans le cadre de cette réflexion sur les effets de la juxtaposition de certaines couleurs que Chevreul publie son ouvrage théorique le plus célèbre : De la loi du contraste simultané des couleurs et de l'assortiment des objets coloriés considéré d'après cette loi dans ses rapports avec la peinture (1839).