La couleur chez les Grecs

Art et science

 

 

 

 

 
   

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Que voyaient les Grecs ?

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Que voyaient les Grecs ?  
   
" Le discours des couleurs est un discours désespéré " (Marin dans Brusatin p. 10). Cette question des limites de tout discours sur la couleur s’est beaucoup posée par rapport au monde grec antique dans la mesure où nous ne disposons aujourd’hui encore que d’un corpus pictural limité. Le phénomène de la couleur a donc été longtemps appréhendé par l’intermédiaire des textes anciens, qu’il s’agisse de textes philosophiques ou littéraires. Or, la rareté, voire l’absence de certaines couleurs dans les poèmes homériques par exemple a longtemps fait croire que les Grecs ne s’intéressaient que très peu aux phénomènes chromatiques, voire qu’ils souffraient de daltonisme. Ainsi en 1858 Gladstone spécule sur l’infériorité de la perception des couleurs chez les Grecs. Quant à Nietzsche, il explique dans un passage d’Aurore sur le daltonisme ou la cécité des Grecs, que c’est ce mode d’appréhension de leur environnement qui les aurait amenés à " considérer les phénomènes de la nature comme des dieux et des demi-dieux ", à les voir sous forme humaine parce que, selon lui, ils ne percevaient que les couleurs humaines (jaune, rouge, blanc, noir) et non les couleurs de la nature (bleu, vert). La question se pose alors des conséquences artistiques de cette vision supposée limitée de la couleur dans le monde grec antique. Si les textes de Pline semblent indiquer que les grands peintres de l’Antiquité grecque limitaient volontairement leur palette à quelques couleurs, voire à quatre seulement, comme s’ils craignaient un trop-plein chromatique, les découvertes archéologiques à partir du 18ème siècle viennent démentir cette idée que les Grecs étaient insensibles ou méfiants à l’égard des couleurs, même des plus vives. En effet, l’exhumation de sculptures originales peintes et surtout de la frise polychrome du Parthénon vient mettre à mal l’idée véhiculée par les copies romaines que tous les marbres grecs étaient blancs. Il faudra attendre la deuxième moitié du 20ème siècle pour que les découvertes de monuments funéraires peints laissent entrevoir la richesse de la palette des peintres anciens, recourant à bien plus que quatre pigments, dont des bleus et des verts particulièrement vifs, absents des poèmes d’Homère.