Vanité de Renard de Saint André
Etrange leçon: les seules œuvres pour lesquelles est reconnu aujourd’hui Renard de Saint André, portraitiste renommé en son temps, sont précisément des Vanités - ce genre pictural qui servait de support à une méditation sur la mort.
Au centre d’une composition rigoureuse d’objets symbolisant les plaisirs de la vie, comme autant de vestiges d’une agape, désigné par un rayon de lumière, trône un crâne couronné de lauriers. Victoire irrémédiable de la mort ? Ou promesse d’une résurrection future dans le royaume de Dieu (le laurier étant symbole d’immortalité)? Condamnation en tout cas, qui rend manifeste la précarité des plaisirs terrestres. La composition elle même est pensée pour produire cet effet d’instabilité. Ainsi, la suspension étrange de la table (devenue autel sacrificiel) où sont amoncelés, entre ombre et lumière, les objets. L’installation d’une temporalité particulière : celle du presque déjà fini (bulles sur le point d’éclater, manuscrit et verre brisé sur le point de s’effondrer de l’étagère), du à peine terminé (mèche de bougie tout juste éteinte, bouteille vide). On comprend, comme nous le dit Louis Marin, que « La Vanité dit le monde en état de chancellement, la réalité en état d’inconstance et de fuite. »
Chancellement rendu d’autant plus émouvant par la restitution tactile des objets de la composition : finesse du verre brisé, des bulles de savon sur lesquelles se reflète la lumière de fenêtres extérieures au tableau. Finesse aussi de la fumée de la mèche éteinte, qui par un tour de force plastique, se transforme en un ruban où vient plus loin s’appliquer, comme une condamnation, un sceau rouge figurant un squelette.



 
  Simon RENARD DE SAINT ANDRÉ
Paris, 1613 - Paris, 1677

Vanité

Huile sur toile
H. 0,60 ; L. 0,43

Inventaire 1956-5