De cette statuette française
du XVème siècle, nous ne savons pas grand chose.
Sinon qu’elle représente Saint Sébastien
en plein martyre, criblé de flèches, entre vie
et trépas. Mais Sébastien ne trépasse
pas, justement. On le laisse pour mort, mais le supplicié est
retrouvé et soigné par Irène avant de
connaître une fin plus radicale encore qui le fera tout
bonnement disparaître de la surface terrestre : il sera
noyé dans les égoûts.
En plein martyre, donc. L’expressivité du visage
le dit : front ridé, yeux mi-clos… souffrance résignée
et comme dans une semi-absence, celle de la douleur ou celle
de l’extase. Mais en plus de ce visage dont on hésite à dire
qu’il nous fait face, il y a le corps du saint. Pur volume,
massif, rudimentaire. Dans lequel ont été percés
quatre trous…
A l’origine, la statue était accompagnée
de quatre flèches et le fidèle pouvait voir le
saint criblé. Et il n’était pas question
de s’en approcher trop : entre le saint et le fidèle,
il y avait les flèches. Le dispositif était clair,
démonstratif. La statue a probablement été peinte
puis dépeinte à un moment de son histoire, et des
traces de rouge sont encore visibles à la verticale des
trous, ce qui ne pouvait que renforcer le spectaculaire médusant
de ce martyre.
Aujourd’hui, au Musée, le visiteur peut s’approcher,
les flèches ayant été perdues. S’approcher
au plus près de la nudité du saint même plus
cachée par ses flèches.
- Restent quatre trous de presque un centimètre de diamètre,
qui n’avaient pas été faits pour être
regardés.
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