C'est un objet plastique,
une forme géométrique irrégulière.
D'une sorte de fenêtre brisée, s'échappent
trois rectangles inégaux, trois morceaux. Enigmatique
puzzle "Autour de Georges Michel", présence
intrigante et obvie. Cadre, support et représentation
sont autant de catégories usuelles dont l'artiste se
joue, en les travestissant. L'objet est serti de métal,
enserré dans des limites d'acier qui donnent à voir
son unité visuelle et spatiale : clin d'oeil ludique
et subversif. Spectacle d'une "opération(s) en
acte" (Gilles Aillaud), d'un processus créatif
exhibant ses propres techniques et moments. Des coups de pinceaux
bleus, gris, noirs et blancs se côtoient. Une tache sombre
dévore un aplat vert tendre. Raclures, taches, points,
zébrures, balafres... Sont laissées visibles
la réalité matérielle de l'objet, l'existence
plastique de ses composants premiers.
Bazar hétéroclite ou "cadavre exquis",
l'oeuvre de Pierre Buraglio est un assemblage
de couleurs et de formes, de variations rêveuses et d'idées
vagabondes. Au gré d'une déambulation imaginative,
l'artiste récupère un morceau de camouflage,
écho à l'une de ses pratiques plastiques antérieures.
De G. Michel, il retient l'horizon bleuté d'un paysage,
la suggestive atmosphère brumeuse. Langage fait d'emprunts,
d'appropriations, de choses vues ; un langage pluriel ou un
dialogue
de la création avec elle-même. Invitation à
des tribulations rêvées: l'objet porte en lui un
univers d'images, de suggestions... Un bout de camouflage, ocre
et verts mêlés: évocation d'une violence
guerrière,
ou mime stylisé de la nature ? Un rectangle de bleus :
marine
évanescente, ou mélange chromatique ? Rien n'est
imposé ; P. Buraglio fait de l'allusion un principe créatif
et invente pour le spectateur un parcours plastique ludique, à
suivre au fur du regard et du hasard.