Ce haut-relief appartient à la
sculpture illusioniste qui fleurit au XV siècle sur
les façades. Il faut imaginer cette dame du temps jadis
dans sa perspective d’origine, surplombant la porte d’une
maison bourgeoise -trompe-l’œil dont les volumes
accrochent la lumière et subjuguent le passant. Inscrite
dans un médaillon, elle est liée au monde de
l’intime – à ces bijoux où l’on
cache toutes sortes de souvenirs, et relie étrangement à l’espace
public, un univers privé; lien évoqué par
le mouvement de la figure, prise dans une tension entre le
cercle qui l’entoure et la pierre qui la retient, exposée
comme malgré elle aux regards extérieurs. A ce
cercle elle répond par ses courbes: il semble qu’elle
essaie de fuir cet univers pétrifié où elle
prend forme -torsion de la gorge et du profil détournés.
Torsion de sa coiffure délicate, retenue dans un filet
et ornée de plumes. Cette troublante hôtesse s’offre
nue à nos yeux, avec pour seuls vêtements, ses
attributs de séduction, comme le collier qui souligne
le surgissement de sa poitrine hors du cadre.
Elancée, et pétrifiée, elle répond
au spectateur à qui elle semble se donner tout en lui
dérobant l’essentiel. Inutilement invité à tourner
autour de la figure, il serait même tenté de franchir
le seuil de la maison faute de pouvoir traverser la pierre du
regard. Car l’échange avec cette femme semble impossible:
les yeux mi-clos et la bouche entr’ouverte, elle se retire
en elle-même comme dans le médaillon, le drapé qui
masquent le reste de son corps - caché à nos yeux,
mais exalté par une extase aussi suggestive qu’exclusive.
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