Femme en médaillon, anonyme, 1535
Ce haut-relief appartient à la sculpture illusioniste qui fleurit au XV siècle sur les façades. Il faut imaginer cette dame du temps jadis dans sa perspective d’origine, surplombant la porte d’une maison bourgeoise -trompe-l’œil dont les volumes accrochent la lumière et subjuguent le passant. Inscrite dans un médaillon, elle est liée au monde de l’intime – à ces bijoux où l’on cache toutes sortes de souvenirs, et relie étrangement à l’espace public, un univers privé; lien évoqué par le mouvement de la figure, prise dans une tension entre le cercle qui l’entoure et la pierre qui la retient, exposée comme malgré elle aux regards extérieurs. A ce cercle elle répond par ses courbes: il semble qu’elle essaie de fuir cet univers pétrifié où elle prend forme -torsion de la gorge et du profil détournés. Torsion de sa coiffure délicate, retenue dans un filet et ornée de plumes. Cette troublante hôtesse s’offre nue à nos yeux, avec pour seuls vêtements, ses attributs de séduction, comme le collier qui souligne le surgissement de sa poitrine hors du cadre.
Elancée, et pétrifiée, elle répond au spectateur à qui elle semble se donner tout en lui dérobant l’essentiel. Inutilement invité à tourner autour de la figure, il serait même tenté de franchir le seuil de la maison faute de pouvoir traverser la pierre du regard. Car l’échange avec cette femme semble impossible: les yeux mi-clos et la bouche entr’ouverte, elle se retire en elle-même comme dans le médaillon, le drapé qui masquent le reste de son corps - caché à nos yeux, mais exalté par une extase aussi suggestive qu’exclusive.



 
  Buste de femme en médaillon
1535
Calcaire
H. 0,60 ; L ; 0,56 ; P. 0,24

Inventaire D 792