Ce dessin rend avant tout
la tridimensionnalité du modèle, ainsi que sa
situation dans un Musée : une dalle de pierre, dont
l’ombre portée signale qu’elle est accrochée
au mur d’exposition. Le support-mur est devenu support-papier
arraché à un cahier de dessin : Pierre Buraglio
y met en évidence le caractère d’étude
de son travail. - Comment dégager l’abstraction
produite par l’ensemble des courbes du cadre et de la
figure ? Les traces d’un dessin antérieur, estompées,
sont conservées dans le dessin définitif: il
semble que le dessin se soit replié sur lui-même,
ait été recadré. En gardant le spectre
d’un état précédent, l’œuvre
se donne à voir - en écho au travail du sculpteur-
en mouvement et en construction : mouvement de la figure, -
mais aussi, obstacles à sa restitution.
L’artiste se serait-il trouvé lui-même pris dans la tension
qui enveloppe cette femme, ce dont témoignerait la vacillation du dessin
? La figure tend à quitter son cadre matériellement, mais aussi
mentalement, par le biais de la rêverie. Le crayon insiste sur les courbes:
le cadre se déplace, il devient incertain, comme si le sujet dépassait
l’objet. Or, l’objet ayant migré du haut d’une façade à un
espace d’exposition, ce dessin reproduit peut-être aussi le double
enfermement de la figure. En effet, les détails ornementaux, la sensualité du
visage ont été éludés, et un drapé rigide
finit de retenir des seins qui ont perdu toute arrogance.
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