Les pins parasols, d’A.Ravier.
L’hypothèse du tableau recadré.

Un petit tableau devant lequel on serait peut-être passé sans faire attention. Une toile comme on croit en trouver des dizaines dans les musées de France. Discret, ce petit paysage. Deux élégants pins parasols s’élançant sur fond de mer, dans une lumière toute méditerranéenne. - Rien de plus ? - Que si ! Ces pins ont été victimes d’un détournement de support des plus scandaleux: la toile sur laquelle ils étaient originellement peints, de forme ovoïde, a été retendue dans un cadre rectangulaire. Premier indice : la toile vierge autour de la représentation est exposée, de sorte que le regard du spectateur sort de la représentation illusionniste pour entrer dans le processus même de fabrication du tableau. Deuxième indice : les
"calottes" supérieures et inférieures de l’ovale sont tronquées. Tronquée également, et c'est nettement plus troublant, la signature de l’artiste. Suspectés : Ravier lui-même / quelqu’un d’autre : caprice de collectionneur ? Expédient d’un encadreur en rupture de stocks ?! La première hypothèse semble insoutenable, compte tenu de la formation et des partis pris esthétiques très classiques de Ravier (- à noter, la présence d’autres toiles ovales dans sa production, encadrées de manière tout à fait conventionnelle). - Alors ? Qui donc aurait eu l’idée de s’attaquer à ces inoffensifs pins parasols ? On sait que lors de son acquisition par le musée des Beaux-Arts de Lyon en 1959 la toile se présentait déjà telle qu’on la voit actuellement. Les tentatives de prendre contact avec M. Lorenceau, le précédent détenteur des Pins, restent infructueuses. L’enquête inaboutie, le mystère reste intact.


 
  Auguste RAVIER
Lyon (Rhône), 1814 - Morestel (Isère), 1895

Paysage d'Italie ou Les deux pins parasols
vers 1843
Huile sur toile
H. 0,25 ; L.0,35

Inventaire 1959-25