Travail qui se limite à n’être
qu’un écart, permanente référence aux peintures
qui le sous-tendent ; aux peintres qui depuis Cézanne s’interrogent
sur le langage de la peinture, l’épuisent.
Il faut admettre cette peinture comme indication .
Discours muet et cependant indicatif.
Son efficace (qu’il ne faut toutefois pas surestimer – parce qu’il
s’agit d’art, de peinture) est proportion de son apparente indifférence à l’Histoire.
(Apparente "mise entre parenthèses du monde").
Cette peinture a pris le trait commun à l’art des classes exploiteuses
sur le déclin, la contradiction contenu politique/forme artistique.
Elle se camoufle derrière sa forme artistique : le formalisme abstrait
exaspéré. Pour atteindre le but déjà énoncé :
travailler la peinture de l’intérieur. Etre dedans (dans la culture
bourgeoise) – et dialectiquement, se dégager d’elle. Ce but
une fois indiqué, il convient d’expliquer la conduite du travail,
les moyens mis en œuvre, les outils utilisés.
D’éclairer les contraintes . On ne fait pas toujours
ce que l’on veut, les exigences que cette pratique impose. Celles-ci
ne sont pas d’ordre esthétique ou éthique. Elles peuvent s’expliquer
ainsi… Résumons : pour exercer une certaine subversion
culturelle,
il faut qu’une certaine peinture soit fabriquée. La réalisation
dépend du fait que certaines conditions soient satisfaites.
La production de ces surfaces est une critique en acte. La peinture met son objet à l’épreuve,
en se mettant à l’épreuve de son objet. Critique et auto-critique.
Pierre Buraglio Préalablement… il
faut admettre. (1968) [pp.29-30]
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