282 kilomètres, voilà la distance qui sépare Arles de Lyon ou Lyon d’Arles. Une distance que l’on peut parcourir de différentes manières. À la vitesse d’un TGV, en empruntant l’une des autoroutes les plus fréquentées de notre pays ou au rythme beaucoup plus paresseux d’une péniche touristique. Un trajet articulé autour de lignes de force. Si certains peuvent égrener des lieux chargés d’histoire, d’autres climatologues en herbe insistent sur le basculement du climat, une fois passé Valence. 282 kilomètres marqués aussi par la contiguïté de deux des plus grandes régions françaises, deux des régions les plus investies dans la défense de la culture et de la recherche : Rhône-Alpes et Provence - Alpes - Côte d’Azur. La lecture proposée ici de ces 282 kilomètres sera autre. Elle naît d’une volonté commune de faire des éloignements en tout genre, une richesse à découvrir et à renforcer. Elle naît aussi d’un partenariat devenu presque une évidence tant il se joue des distances quelles qu’elles soient ; un partenariat qui se tisse au fi l des rencontres et des moments partagés. Duels a en effet ouvert un sillon particulièrement fructueux. Des binômes se sont formés, des projets ont été montés, des images et des textes ont été publiés. Avec à la clé, une exposition suggestive au coeur de Marseille et un livre attachant publié à Lyon. Les confrontations affi chées se sont transformées en initiatives abouties, qui ont donné envie d’aller plus loin, toujours plus loin à la recherche d’un dialogue entre culture et science, expression et littérature. Derrière ce dialogue, il y a la volonté d’ouvrir de nouveaux champs, la nécessité de tracer de nouvelles perspectives. Pour les chercheurs de sciences hu maines et sociales, jeunes ou plus confi rmés, la création, sous toutes ses formes, représente un défi original. Elle s’est en effet imposée comme un nouveau chantier de réflexion,relayant en partie les questionnements sur les grandes fi nalités de nos sociétés. Ce n’est pas pour rien que l’Agence nationale de la recherche (ANR) en a fait le sujet de l’un de ses programmes thématiques pour l’année 2008. Inversement, il est utile pour les artistes, jeunes ou moins jeunes, de se frotter à des questionnements, des champs, des méthodes autres que ceux auxquels ils sont accoutumés, les sciences humaines et sociales en prodiguant de très fructueux. Autant dire que 282 km ( 2) vient concrétiser au terme de son déploiement le partenariat particulièrement fécond entre deux écoles uniques dans leur champ d’activités et sceller le travail en commun de deux équipes de direction et de deux équipes pédagogiques particulièrement solidaires. Un partenariat qui a suscité des adhésions très suggestives, à commencer par celle de la très importante Bibliothèque municipale de Lyon qui a bien voulu accueillir la nouvelle exposition. Une bibliothèque en pointe dans de nombreux domaines, à commencer précisément par la place qu’elle consacre à des activités comme la photographie. Former à travers l’échange, la confrontation, la réalisation. Former aussi pour inventer de nouveaux profi ls et forger de nouveaux destins. Former pour aujourd’hui et pour demain. Et c’est bien pour cela que 282 km ( 2) est avant tout un projet porté par des jeunes pour des jeunes. Un projet où ils pourront témoigner de toutes leurs compétences et manifester tous leurs talents ; où en toile de fond des enseignements et des conseils qu’ils reçoivent se révèlent des personnalités exceptionnelles et des parcours de vie à l’écoute du monde qui nous entoure. Nous espérons donc que tous les visiteurs de cet espace de création d’un nouveau type, que tous les lecteurs de cet ouvrage y retrouveront l’enthousiasme si contagieux qui se dégage des réunions mi-scientifi ques mi-artistiques, misérieuses mi-conviviales, qui se tiennent alternativement à Arles et à Lyon. À 282 kilomètres de distance mais dans une extrême proximité : celle d’une ambition commune et partagée.