Un homme à la fenêtre
qui me jette un œil pas si étonné au fond.
Je crois un instant qu’il se penche, qu’il avance
un peu la tête par le cadre de la fenêtre, mais
non – il a bien la tête dans les nuages. Je dis
les nuages pour me rassurer : c’est lui qui est dehors – c’est
lui qui est de l’autre côté. Ou bien.
On dirait pourtant, qu’il n’est que de passage,
même pas arrêté, simplement retourné,
un temps, de trois quarts, pour me considérer, pas si étonné au
fond.
Les nuages sont trop bas, je ne sais pas où je regarde…
Ce gris est tout aussi en passant que le reste. C’est du
gris maigre d’une touche légère, rapide. Je
disais fenêtre, aussi, pour me rassurer – de la buée
alors ? Sur la vitre, sa propre buée qui se déplace
avec lui, qui va bientôt s’effacer peut-être.
Il a relevé un peu la tête, pour me considérer,
pas si étonné au fond. Déjà il repart.
Ses yeux me fixent encore un peu mais déjà il repart.
Il va ruser : il ne passera pas son chemin, il s’en ira brusquement
d’où il est venu. Il ne passera pas : attention, il
va reculer. Dans le gris. Il va reculer du chevalet. Et disparaître
du miroir. Il va découper deux panneaux de gris et les adjoindre
au portrait. Ils formeront marine de ce bleu-gris lavé,
comme on dit un ciel lavé. Calme ce gris de marine entre
ciel et mer. Une certaine densité aqueuse de l’air.
De la peinture aussi. Quel est le poids de ce ciel maritime : à quelle
hauteur accrocher le tableau ?
Deux panneaux pour une marine, deux découpes pour un ensemble.
Et avec le portrait aux moins deux lignes d’horizon. De l’inquiétude
jusque dans la forme, nécessairement.
Il me regarde encore une fois, avec des réserves.